La truffe est la fructification d’un champignon souterrain du genre Tuber. Contrairement à plusieurs espèces de champignons se développant simplement sur la matière organique en décomposition, la truffe est dite ectomycorhizienne, c’est-à-dire qu’elle doit être en symbiose avec les racines d’un arbre pour pouvoir se développer. Cette relation entre l’arbre et le champignon est longtemps demeurée tapissée de mystère. D’ailleurs, selon les écrits, bien que les qualités gastronomiques de la truffe aient été rapportées par les égyptiens 2600 ans avant notre ère, ce n’est que depuis 1810 qu’on la cultive avec succès.
Espèces cultivées
Il existe environ 200 espèces de truffes, mais seules quelques-unes d’entre elles sont cultivées. Parmi celles-ci, les plus connues sont la fameuse truffe noire du Périgord, Tuber melanosporum, ainsi que la précieuse truffe blanche du Piémont, Tuber magnatum. Puisque le climat québécois n’est pas propice à la culture de ces deux truffes, ArborInnov s’est tourné vers trois autres espèces ayant, elles aussi, un grand intérêt gastronomique.
Truffe de Bourgogne
(Tuber uncinatum)
La truffe de Bourgogne est souvent dans l’ombre de la truffe du Périgord et pourtant, on la consommait bien avant cette dernière. C’est l’extraordinaire parfum se dégageant de Tuber uncinatum qui charme les gastronomes, une fine effluve forestière agrémentée d’une généreuse touche de noisette et d’amande. Sublime dans les salades, sur les pâtes, ou pour agrémenter les fromages!
Il est à noter que celle que l’on nomme truffe d’été (Tuber aestivum) s’avère la même espèce que la truffe de Bourgogne : elle se développe simplement sous des facteurs environnementaux différents.
Truffe Bianchetto
(Tuber borchii)
Plus rustique que sa cousine du Piémont, la truffe Bianchetto a longtemps été boudée par les gastronomes. Pourtant, lorsque cultivée dans les règles de l’art, elle offre une alternative intéressante et abordable à Tuber magnatum, la plus coûteuse des truffes, qui se détaille à environ 4000$CAD/kg. C’est cueillie bien à point pour profiter pleinement de ses arômes alliacés et sauvages que la Bianchetto s’est taillé une place de choix dans nos cuisines. Une petite merveille à découvrir, crue ou ajoutée au dernier instant aux plats chauds!
Truffe des Appalaches
(Tuber canaliculatum)
Cette élégante truffe à la gléba noire
veinée de blanc est récoltée
d’août à décembre.
On pourrait croire que seules les truffes européennes sont dignes des grands chefs, mais il n’en est rien. Il est temps de redonner leurs lettres de noblesse aux truffes du terroir et de vous présenter le secret bien gardé de nos régions : la truffe des Appalaches! Cette truffe couleur cannelle, d’un diamètre de 2 à 12 cm, est indigène du nord-est de l’Amérique du Nord. Sa puissante odeur sucrée et musquée est exquise pour parfumer le risotto, les pâtes, ou les œufs.
Cycle de vie de la truffe
La truffe est un champignon hypogé symbiotique. Contrairement aux végétaux, les champignons ne possèdent pas de chlorophylle permettant de faire de la photosynthèse. Il ont aussi un cycle de vie bien différent de celui des plantes. Dans le cas des truffes vraies et des fausses truffes, ce cycle se déroule de façon hypogée, c’est-à-dire complètement sous terre. De plus, la truffe complète son cycle de vie en association avec les racines d’un arbre. Cette association, puisqu’elle apporte des bénéfices mutuels aux deux partenaires, se nomme symbiose.
1. Mycélium libre
La truffe, la chanterelle ou le pleurote qui régalent nos papilles sont en fait la fructification d’un organisme, tout comme la pomme est le fruit du pommier. Cependant, contrairement au pommier, la structure principale du champignon, nommée mycélium, est très discrète. En effet, le mycélium des champignons supérieurs se développe enfoui sous terre ou dans la matière organique et les hyphes qui le composent sont d’un diamètre de 4 à 6 microns, soit environ 15 fois plus petits qu’un cheveu moyen!
C’est la croissance du mycélium grâce au dédoublement de ses cellules qui permet au champignon d’explorer l’environnement pour trouver des sources de nutriments ou des racines avec lesquelles établir une symbiose. Une cuillère à thé de sol contient jusqu’à 600 mètres d’hyphes et ce véritable réseau peut acheminer des nutriments et des informations sur une distance de quelques mètres.
2.Infection des racines et développement des mycorhizes
Dans le sol, le mycélium truffier et les racines communiquent entre eux par le biais de signaux chimiques et croissent l’un vers l’autre jusqu’à se rencontrer. Une fois en contact, les hyphes du champignon vont envelopper la racine, puis vont se faufiler entre les cellules de la couche externe de la racine pour former ce qu’on appelle le réseau de Hartig. Ce réseau est l’endroit où les cellules des deux organismes sont en contact étroit et peuvent s’échanger des nutriments. Les champignons contribuent à cet échange en poursuivant l’exploration du sol pour y puiser de l’eau, du phosphore, de l’azote, du calcium, du potassium et des oligoéléments. En retour, l’arbre fournit des sucres, des acides aminés et des vitamines qu’il a synthétisés.
Cette association entre le champignon et la racine forme une toute nouvelle structure, qui se nomme ectomycorhize (du grec : ektos, “extérieur”, mykós, “mycète”, riza, “racine”). Celle-ci est aisément identifiable à l’œil nu par un renflement des racines, pouvant atteindre une longueur de 8 mm. Selon les espèces de truffes, les mycorhizes vont prendre une apparence légèrement différente. Par exemple, la truffe des Appalaches a tendance à produire des mycorhizes très ramifiées, conduisant à la formation de grappes de mycorhizes nommées glomérules.
Il est à noter que les truffes peuvent infecter plusieurs espèces d’arbres avec succès. Le mycélium truffier peut même vivre sans s’associer avec un symbiote, mais seul, il ne pourra se reproduire par le biais de la fructification.
3. Fructification
Le mycélium truffier peut se reproduire de façon asexuée, par exemple lorsqu’il se brise et que différentes pièces de celui-ci poursuivent leur croissance, ou encore par le biais de spores asexués. Ce mode de reproduction est simple, par contre, il ne génère pas de diversité génétique permettant de s’adapter aux variations de l’environnement. Les mycorhizes truffières s’investissent donc périodiquement dans la production de structures de reproduction sexuée, les ascocarpes, desquels nous nous régalons avec plaisir!
Les facteurs exacts qui engendrent la production des ascocarpes chez le genre Tuber sont méconnus. Il semblerait toutefois qu’un choc physiologique, tel le bris des racines, ainsi que des variations de température et de taux d’humidité du sol, soient des facteurs prépondérants dans le processus.
4. Maturation
Suite à l’initiation de la fructification, la maturation des truffes prend de 3 à 10 mois, selon l’espèce et les conditions environnementales. Plusieurs composantes du sol contribuent à la maturation des ascocarpes, dont son pH, sa structure, sa teneur en matière organique, ainsi que son % d’humidité.
Une apparence mûre n’est pas indicatrice de maturité chez la truffe. En effet, même si le péridium, la mince couche de tissu qui constitue l’enveloppe de la truffe, semble complètement formé, la maturation des tissus internes, la gléba, se poursuit. Au départ, l’intérieur de la truffe est entièrement couleur crème. Tandis que l’ascocarpe mature, les ascospores, l’équivalent de la graine chez le fruit, se développent et prennent une teinte brune de plus en plus foncée. C’est ainsi que, chez la truffe mature, on distingue très aisément les veines fertiles brunes, contenant les ascospores, des veines stériles blanches.
5. Libération des asques
C’est seulement une fois l’ascocarpe pleinement mature qu’il dégage les puissants arômes si alléchants qui caractérisent la truffe. Ainsi, l’ascocarpe incite les animaux à le chercher sous terre et le consommer. Le passage de la truffe dans le système digestif des animaux libère les asques, petits sacs contenant les ascospores. Une fois rejetés dans l’environnement, souvent à quelque distance de leur lieu d’origine, les ascospores sont prêts à germer. Quant aux ascocarpes non consommés par les animaux, c’est le gel hivernal qui les dégradera suffisamment pour libérer les asques.
Il est possible d’analyser au microscope l’apparence des asques et ascospores pour identifier l’espèce de truffe à laquelle ils appartiennent. Malgré la précision de cette méthode lorsqu’elle est réalisée par un expert, la façon la plus sûre d’identifier une truffe demeure tout de même l’analyse génétique.
6. Germination de l’ascospore
Les ascospores sont des structures conçues pour résister aux conditions adverses, dont la sécheresse ou les températures extrêmes, jusqu’à ce que les conditions optimales de développement se présentent. Les facteurs influençant la germination des ascospores sont méconnus, mais la proximité de racines d’arbres est essentielle pour que celle-ci soit amorcée : les ascospores détecteraient les sucres sécrétés par les racines.
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